De la déconstruction du terme « populaire »


Je voudrais dire deux ou trois choses sur le « populaire ». Le terme peut avoir plusieurs sens différents, mais tous ne sont pas utiles. Prenons celui qui se rapproche le plus du sens commun: les choses qui sont dites « populaires » parce que des masses de gens les écoutent, les achètent, les lisent, les consomment et semblent en retirer un grand plaisir. C'est la définition commerciale ou « marchande » du terme, celle qui donne aux socialistes des boutons. On l'associe assez justement à la manipulation et à la dépréciation de la culture du peuple. En un sens, c'est exactement le contraire de la manière dont j'ai moi-même utilisé antérieurement ce terme. Je voudrais toutefois évoquer deux raisons pour lesquelles, aussi insatisfaisant soit-il, ce sens ne doit pas être tout à fait négligé.

Tout d'abord, s'il est vrai qu'au XXe siècle un grand nombre d'individus consomment et apprécient effectivement les produits culturels de nos industries culturelles modernes, alors il s'ensuit qu'un grand nombre de travailleurs est nécessairement compris dans ces publics. Et si les formes et les relations dont dépend la participation à cette sorte de « culture » commerciale sont purement manipulatrices et dévalorisantes, alors les gens qui la consomment et l'apprécient doivent eux-mêmes vivre dans un état permanent de « fausse conscience» et être dévalorisés par ces activités. Tous doivent être des sortes d'« idiots culturels» incapables de dire que ce dont on les gave est une forme actualisée d'opium du peuple. Ce jugement nous permet d'éprouver une certaine satisfaction à dénoncer les agents de la manipulation et de la tromperie de masse - les industries culturelles capitalistes ; mais je ne suis pas sûr qu'il s'agisse là d'une vision qui puisse survivre longtemps en tant qu'explication pertinente des relations culturelles, et moins encore comme une perspective socialiste de la culture et de la nature de la classe ouvrière. Enfin, la notion de peuple comme force purement passive est une perspective profondément non socialiste.

Il convient dès lors de se poser une question: est-il possible d'aborder ce problème sans renoncer totalement à nous intéresser, ce qui semble nécessaire et inévitable, à l'aspect manipulateur d'une bonne partie de la culture populaire commerciale? Il existe pour ce faire plusieurs stratégies qu'ont adoptées les théoriciens et les critiques radicaux de la culture populaire, et qui, à mes yeux, sont plus que douteuses. L'une consiste à lui opposer une autre culture « alternative » - l'authentique « culture populaire » - et à dire que la « véritable» classe ouvrière (quelle qu'elle soit) ne se laisse pas tromper par ses ersatz commerciaux. C'est une alternative héroïque mais peu convaincante. Ce qu'elle a de fondamentalement erronée c'est qu'elle néglige les relations absolument essentielles de pouvoir culturel de domination et de subordination - qui sont une caractéristique intrinsèque des relations culturelles. Je voudrais affirmer au contraire qu'il n'existe pas de culture populaire authentique et autonome échappant au champ de domination et de pouvoir culturels.

Cette alternative, de surcroît, sous-estime considérablement le pouvoir de l'implantation culturelle. Il s'agit là d'une question délicate, car on peut être accusé, dès qu'on l'aborde, de souscrire à la thèse de l'incorporation culturelle. L'étude de la culture populaire ne cesse d'aller de l'un à l'autre de ces pôles, tous deux inacceptables : la pure « autonomie » ou le total enfermement.

En réalité, je ne crois pas qu'il soit nécessaire ou pertinent de souscrire à l'une de ces deux définitions. Les gens ordinaires n'étant pas des idiots culturels, ils sont parfaitement en mesure de reconnaître la manière dont les réalités de la vie de la classe ouvrière sont réorganisées, reconstruites et reformées par celle dont elles sont représentées (re-présentées) dans, disons, « Coronation Street ». Les industries culturelles ont en effet le pouvoir de réélaborer et de refaçonner ce qu'elles représentent et, à force de répétition et de sélection, d'imposer et d'implanter des définitions de nous-mêmes qui correspondent plus facilement aux descriptions de la culture dominante ou hégémonique. C'est ce que signifie la concentration du pouvoir culturel - la capacité d'un petit nombre à fabriquer la culture. Ces définitions n'ont pas pour autant le pouvoir d'occuper nos esprits ; elles ne fonctionnent pas sur nous comme si nous étions des pages blanches. Elles occupent et réélaborent les contradictions internes de la perception et du sentiment dans les classes dominées; elles trouvent ou se frayent un espace de reconnaissance chez ceux qui leur répondent. La domination culturelle a des effets réels - même s'ils ne sont en aucune façon tout-puissants.

Soutenir que ces formes imposées n'ont pas d'influence équivaudrait à affirmer que la culture du peuple peut exister en tant qu'enclave séparée, en dehors de la distribution du pouvoir culturel et des relations de forces culturelles. Or je ne crois pas que ce soit le cas. Je pense au contraire que la culture dominante mène une lutte continue et nécessairement inégale pour désorganiser et réorganiser la culture populaire, pour réduire et confiner ses définitions et ses formes à une large palette de formes dominantes. Il y a des points de résistance et des moments de substitution. C'est la dialectique de la lutte culturelle. Dans l'époque qui est la nôtre, cette lutte se poursuit sans interruption, selon les lignes complexes de la résistance et de l'acceptation, du refus et de la capitulation, qui font du champ de la culture une sorte de champ de bataille permanent. Un champ de bataille où les victoires ne sont jamais acquises une fois pour toutes, et où les positions stratégiques ne cessent d'être perdues et gagnées.

La première définition n'est donc pas d'une grande utilité pour notre propos; mais elle peut nous obliger à réfléchir plus profondément à la complexité des relations culturelles, à la réalité du pouvoir culturel et à la nature de l'implantation culturelle populaire commerciale, si elles ne sont pas purement manipulatrice c' est parce qu'il y a, en plus des illusions, des raccourcis de la banalisation et des clichés, des éléments de reconnaissance et d' identification, quelque chose d'une recréation qui se rapprocherait d'une expériences et des attitudes reconnaissables auxquelles les gens répondent.

Le danger survient à chaque fois que nous tendons à penser les formes culturelles comme un tout cohérent, soit totalement corrompues, soit totalement authentiques, alors qu'elles sont en réalité profondément contradictoires : elles jouent sur les contradictions, en particulier lorsqu'elles opèrent dans le domaine du « populaire ». Le langage du Daily Mirror n'est ni une pure construction de la « langue des news » de Fleet Street, ni le langage que parlent réellement les lecteurs de la classe ouvrière. C'est une sorte de ventriloquie linguistique complexe dans laquelle la trivialité bas de gamme du journalisme populaire se combine et se mêle habilement à certains éléments particuliers du langage de la classe ouvrière, par exemple son caractère imagé et direct. Il ne peut faire autrement que de préserver certains éléments puisés dans ses racines vernaculaires - «populaires ». Et il n'irait pas bien loin s'il n'était pas capable de reformer ces éléments populaires pour en faire une sorte de populisme démotique produit en série et rendu neutre.

La seconde définition du « populaire» - la définition descriptive - est plus acceptable. La culture populaire, ce sont toutes les choses que « le peuple» fait ou a faites. Nous sommes proches ici d'une définition « anthropologique» du terme: la culture, les mœurs, les coutumes et le folklore « du peuple ». Tout ce qui définit leur « mode de vie particulier ». Cette définition me pose toutefois, elle aussi, deux problèmes.

Le premier est que je la trouve précisément trop descriptive - pour le dire gentiment. Elle se fonde en réalité sur un inventaire qui s'étend indéfiniment. Quasiment tout ce que «  le peuple » fait et a fait peut faire partie de la liste. La colombophilie et les collections de timbres, les canards sur les murs et les nains de jardin. Le problème, c'est de distinguer cette liste interminable, d'une façon non descriptive, de ce que n'est pas la culture populaire.

Le second problème me semble cependant encore plus important et nous renvoie à un point déjà abordé. Nous ne pouvons pas nous contenter de réunir dans une seule catégorie toutes les choses que font « les gens », sans observer que la véritable distinction analytique ne concerne pas la liste elle même - une catégorie inerte de choses et d'activités - mais l'opposition fondamentale entre ce qui relève ou non du peuple. Ainsi, le principe structurant du « populaire» entendu en ce sens, ce sont les tensions et les oppositions entre ce qui appartient au domaine central de l'élite ou de la culture dominante et ce qui relève de la culture de la « périphérie». C'est cette opposition qui structure en permanence le domaine de la culture en « populaire »/« non populaire». Il n'est toutefois pas possible de construire ces oppositions d'une manière purement descriptive. Car, d'une période à l'autre, le contenu de chaque catégorie change. Les formes populaires voient leur valeur culturelle augmenter, grimpent l'ascenseur culturel, finissent par se retrouver de l'autre côté. D'autres perdent leur haute valeur culturelle et sont appropriées par le populaire, tout en se transformant au cours du processus. Le principe structurant ne se trouve pas dans le contenu de chaque catégorie - qui, j'insiste, s'altère d'une période à une autre. Il consiste plutôt en les forces et les relations qui alimentent la distinction, la différence, entre ce qui, à un moment donné, est considéré comme une activité ou une forme culturelle d'élite, et ce qui n'est pas considéré comme tel. Ces catégories demeurent même si les inventaires changent. En outre, tout un ensemble d'institutions et de processus institutionnels sont requis pour les alimenter et marquer en permanence la différence entre elles. Le système d'éducation et d'enseignement est l'une de ces institutions - il distingue la part valorisée de la culture, le patrimoine culturel, l'histoire culturelle, qui doivent être transmis, de la part « sans valeur». L'appareil littéraire et universitaire en est une autre: il sépare certains types valorisés de savoir des autres. Ce qui est important, ici, ce n'est donc pas qu'il existe un inventaire descriptif, qui peut avoir l'effet négatif de pétrifier la culture populaire dans un moule descriptif intemporel, mais les relations de pouvoir qui ne cessent de ponctuer et de diviser le domaine de la culture entre valeurs hégémoniques et valeurs résiduelles.

C'est pourquoi je préfère une troisième définition du « populaire », même si elle n'est pas aisée. Elle embrasse,pour une période donnée, les formes et les activités qui ont leurs racines dans les conditions sociales et matérielles des classes particulières, et qui se sont incarnées dans les traditions et les pratiques populaires. En ce sens, cette définition retient ce qui utile dans la définition descriptive, mais elle va plus loin et souligne que l'essentiel, ce sont les relations qui définissent la « culture populaire» dans une tension continue (de corrélation, d'influence et d'antagonisme) avec la culture dominante. C'est une conception de la culture qui se polarise autour de la dialectique culturelle. Elle considère le domaine des formes et des activités culturelles comme un champ perpétuellement changeant. Puis elle examine les relations qui structurent en permanence ce champ en formations subordonnées et dominantes. Elle examine le processus par lequel ces relations de domination et de subordination sont articulées. Elle considère ces relations comme un processus: le processus par lequel certaines choses sont activement préférées de telle sorte que d'autres puissent être détrônées. Elle place au centre les relations de force changeantes et inégales qui définissent le champ de la culture - à savoir; la question de la lutte culturelle et de ses nombreuses formes. Son principal objet d'attention est la relation entre la culture et les questions de l'hégémonie.

Ce à quoi nous devons nous intéresser, dans cette définition, n'est pas la question de « l'authenticité » ou de la totalité organique de la culture populaire. En réalité, celle-ci reconnaît que presque toutes les formes culturelles sont, en ce sens, contradictoires, composées d'éléments antagonistes et instables. La signification d'une forme culturelle et sa place ou sa position dans le champ culturel ne sont pas inscrites à l'intérieur de ses formes. Quant à sa position, elle n'est pas non plus fixée une fois pour toutes. Le slogan ou le symbole radical de cette année sera neutralisé en devenant, l'année suivante, à la mode; l'année d'après, il sera l'objet d'une nostalgie culturelle profonde. Le chanteur rebelle d'aujourd'hui finira, demain, à la une du magazine The Observer. La signification d'un symbole culturel est donnée en partie par le champ social dans lequel il est incorporé et en partie par les pratiques avec lesquelles il s'articule et entre en résonance. Ce qui compte, ce ne sont pas les objets culturels intrinsèquement ou historiquement figés, mais l'état du jeu des relations culturelles - ou, pour le dire plus simplement, voire de manière simpliste, la lutte de classe dans et pour la culture.

Tout inventaire fixe ou presque nous trahira. Le roman est-il une forme « bourgeoise » ? La réponse ne peut être qu'historique et provisoire: quand ? quels romans ? pour quels lecteurs ? et dans quelles conditions ? Tout ceci nous met en garde contre les approches trop fermées de la culture populaire, qui valorisent la tradition en soi et la considèrent comme un genre anhistorique, et qui analysent les formes culturelles populaires comme si elles contenaient en elles, depuis leur moment d'origine, un sens ou une valeur fixe et immuable. La relation entre position historique et valeur esthétique est une question importante et difficile pour la culture populaire. Mais les tentatives pour développer une esthétique populaire universelle, fondée sur le moment d'origine des formes et des pratiques culturelles, sont presque toujours profondément erronées. Que peut-il y avoir de plus éclectique et d'aléatoire que cet assemblage de symboles désuets et de bric-à-brac, emprunté aux vieilles garde-robes d'hier, dont tant de jeunes choisissent aujourd'hui de se parer? Ces symboles et ce bric-à-brac sont profondément ambigus. Un millier de causes culturelles perdues s'y trouvent rassemblées. De temps à autre, parmi d'autres breloques, nous trouvons le signe qui, de tous les signes, doit être pour toujours fixé - solidifié - dans sa connotation et sa signification culturelles: le swastika. Et pourtant, ce signe y reste suspendu, en partie - mais pas entièrement - détaché de son référent culturel profond dans l'histoire du XXe siècle. Qu'est-ce que cela veut dire? Qu'est-ce que cela signifie? Ses significations sont riches, et richement ambiguës - mais certainement instables. Ce signe terrifiant peut délimiter une série de significations, mais il n'y a aucune garantie qu'il n'ait qu'une seule signification. Les rues sont pleines d'enfants qui ne sont pas « fascistes» sous prétexte qu'ils porteraient un swastika au bout d'une chaîne. D'un autre côté, peut-être pourraient-ils l'être ... Ce que ce signe signifie dépendra en définitive, dans les politiques des cultures jeunes, moins du symbolisme culturel intrinsèque de l'objet en soi, mais davantage de l'équilibre des forces entre, disons, le National Front et l'Anti-Nazi League, entre le rock blanc et le « Two tone sound». Le signe ou la forme culturelle ne portent en eux-mêmes aucune garantie.

Même s'ils furent liés en un certain contexte à une lutte pertinente, il n est aucune garantie qu'ils seront toujours l'expression vivante d'une classe, de telle sorte qu'à chaque fois qu'on les utilise, ils parlent « la langue du socialisme ». Si les expressions culturelles expriment le socialisme, c'est parce qu'elles sont liées aux pratiques, aux formes et aux organisations d'une lutte vivante, qui ont réussi à s'approprier ces symboles et à leur donner une connotation socialiste. La culture n'est pas déjà inscrite, de façon permanente, dans les conditions d'une classe avant que cette lutte ne commence. La lutte consiste précisément dans le succès ou l'échec à donner un accent socialiste au « culturel », le terme « populaire» a des relations complexes avec le terme « classe». Nous savons cela, mais avons parfois du mal à l'oublier. Nous parlons des formes particulières de la culture ouvrière, mais nous utilisons le terme plus inclusif de « culture populaire » pour nous référer à un champ de réflexion plus général. Il est parfaitement clair que ce que j'ai dit n'a pas beaucoup de sens sans référence à une perspective de classe et à la lutte de classe. Mais il est également clair qu'il n'y a pas de relation univoque entre une classe et une forme ou pratique culturelle particulière. Les termes « classe» et « populaire » sont profondément liés entre eux, mais ils ne sont certainement pas interchangeables. La raison pour cela est évidente. Il n'existe pas de « culture» entièrement distincte et paradigmatiquement liée, dans une relation de fixité historique, à « toute » une classe spécifique - bien qu'il existe des formations culturelles de classe nettement distinctes et changeantes. Les cultures de classe tendent à se croiser et se superposer dans le même champ de lutte. Le terme « populaire » désigne cette relation quelque peu déplacée entre la culture et les classes. Plus exactement, il fait référence à cette alliance de classes et de forces qui constituent les « classes populaires ». La culture des classes opprimées et exclues est le domaine auquel le terme « populaire » nous renvoie. Et le domaine opposé - celui où le pouvoir culturel décide de ce qui en fait partie ou non - est, par définition, non pas « toute » une autre classe, mais cette autre alliance de classes, de strates et de forces sociales qui constitue ce que n'est pas « le peuple » et ce que ne sont pas « les classes populaires » : la culture du bloc de pouvoir.

Le peuple contre le bloc de pouvoir - plutôt que « classe contre classe » -, voilà la ligne centrale de contradiction autour de laquelle se polarise le terrain de la culture. La culture populaire en particulier s'organise autour de cette contradiction: les forces populaires contre le bloc de pouvoir. Cela donne au terrain de la lutte culturelle son propre genre de spécificité. Mais le terme « populaire », et même plus, le sujet collectif auquel il doit se référer - « le peuple» - est hautement problématique. Il est rendu problématique par, disons, la capacité de Mme Thatcher à prononcer une phrase comme: « Nous devons limiter le pouvoir des syndicats parce que c'est ce que le peuple souhaite. » Cela suggère que, de même que la catégorie de « culture populaire » n'a pas de contenu fixe, il n'y a pas non de plus de sujet fixe - « le peuple » - qui lui soit attaché. « Le peuple » n'est pas toujours là où il aurait toujours été, avec une culture inchangée, ses libertés et ses instincts intacts, toujours en lutte contre le joug normand, comme si, si seulement nous pouvions le « découvrir » et le ramener sur la scène, il reprendrait la place qui lui est réservée. La capacité à constituer les classes et les individus comme une force populaire est la nature de la lutte politique et culturelle: former avec les classes divisées et les peuples séparés - divisés et séparés par la culture autant que par d'autres facteurs - une force culturelle populaire et démocratique.

Nous pouvons être sûrs que d'autres forces jouent aussi un rôle dans une autre définition du « peuple » : le « peuple » qui a besoin d'être plus surveillé, plus policé, mieux dirigé, et dont le mode de vie doit être protégé des « cultures étrangères», etc. Ces deux alternatives se trouvent en partie en chacun de nous. Parfois nous pouvons être constitués comme une force contre le bloc de pouvoir: c'est l'ouverture historique au sein de laquelle il est possible de construire une culture qui soit authentiquement populaire. Mais, dans notre société, si nous ne sommes pas constitués ainsi, nous serons constitués à l'opposé: une force populaire effective, disant « oui » au pouvoir. La culture populaire est l'un des lieux où la lutte pour et contre la culture du puissant est engagée; c'est aussi l'enjeu de cette lutte. C'est l'arène du consentement et de la résistance. C'est là en partie qu'apparaît l'hégémonie et où elle est assurée. Ce n'est pas une sphère où le socialisme, une culture socialiste - déjà pleinement formée - pourrait être simplement « exprimée », Mais c'est un des lieux où le socialisme peut être constitué. C' est pourquoi la « culture populaire » importe. Autrement, pour dire la vérité, je m'en moque.

Stuart Hall

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